
Des milliers de lune est la suite Des jours sans fin publié en 2018.
Sébastian Barry retrouve son personnage de Winona Cole, jeune indienne lakota au lendemain de la guerre de Sécession. Elle vit à Paris, petite ville du Tennessee.
Bien qu’il s’agisse d’une histoire à part entière, Sebastian Barry revient en quelques occasions sur les traces de son précédent roman et cela pertube un tantinet la lecture quand on a pas lu le précédent roman Des jours sans fin.
Cela fait que la lecture du début du roman m’a paru un peu difficile. Difficulté à intégrer les personnages et leur passé. J’ai avancé dans le roman d’une cinquantaine de page et je suis reparti à zéro. La deuxième lecture s’est avéré immédiatement plus simple avec une meilleure compréhension.
Winona est une jeune indienne lakota, orpheline . Elle est originaire du Wyoming.
Au début du roman, elle vit dans une ferme dans le Tennessee , élevé par son père adoptif John Cole et son compagnon d’armes Thomas McNulty.
Tous les trois travaillent dans la ferme de Lige Magan avec l’aide de deux esclaves affranchis: Tennyson Bouguereau et sa soeur Rosalee.
La guerre de Sécession vient de prendre fin mais l’état du Tennessee reste déchiré. A la limite entre le Nord et le Sud, Nordistes et Sudistes sont toujours prompts à relancer la guerre civile.
Dans ce contexte, Winona, John Cole est consorts essayent de rester le plus possible à l’écart de toutes ces vicissitudes.
Malgré tout, Winona et Tennyson seront attaqués par des inconnus.
L’intérêt du roman de Sébastian Barry est qu’il interroge l’identité. Il faudrait dire les multiples identités.
Cette époque charnière de la fin de la guerre de Sécession est propice à cette réflexion multiple.
Identité indienne. Identité noire. Identité politique. Identité sexuelle.
Sébastian Barry à travers son récit, et à travers Winona, nous transmets un vibrant message de tolérance, de recherche de soi.
En ses années 1860, un indien ou une indienne n’estt rien. Un indien ou une indienne n’a pas d’âme.
Les esclaves noirs commencent à découvrir la liberté.
Les États Unis bafouillent leur démocratie et Lincoln installe difficilement l’abolition de l’esclavage.
Les amours homosexuels sont des tares.
Il faudra des milliers de lunes pour apaiser ses tensions. Ces milliers de lunes, siège de notre mémoire, de la transmission.
Le récit de Sébastian Barry est graphiquement scandé par la pleine lune, les croissants de lune et la nouvelle lune.
Cette graphie modèle le temps du roman et l’intègre dans la durée, que ce soit le passé, le présent ou le futur.
Le cycle de la lune est millénaire comme les âmes les traditions lakotas .
» Que le monde soit un lieu étrange et perdu n’était pas la question. Qu’il n’y ait aucun endroit sur terre sans danger, c’était la decouvrte de chaque instant. Que des âmes
m’aiment et que des coeurs veillent sur moi était une évidente vérité » ( page 237 ) .

Sebastian Barry, né le 5 juillet 1955 à Dublin, est un écrivain, dramaturge et poète irlandais.
Il est l’auteur de pièces de théâtre (Boss Grady’s Boys, The Steward of Christendom, Hinterland), de romans (Macker’s Garden, The Engine of Owl-Light, The Whereabouts of Eneas McNulty…) et de poèmes, publiés depuis le début des années 1980.
Barry atteint véritablement la notoriété en 2005 avec Un long long chemin (A Long Long Way), histoire de soldats irlandais engagés dans la Première Guerre mondiale : le roman est sélectionné pour le Man Booker Prize for Fiction.
La consécration est venue en 2008 avec Le Testament caché (The Secret Scripture) qui a pour protagoniste une centenaire enfermée depuis sa jeunesse dans un asile pour avoir « fauté ». Ce livre est lauréat du prix James Tait Black et du prix Costa 2008.
Souvent inspirées par des histoires de sa propre famille, les œuvres de Barry ont pour thèmes le mensonge, ou plutôt la vérité telle qu’elle est interprétée par chacun, la mémoire et les secrets familiaux. Leur décor est pour la plupart celui de l’Irlande au moment de son indépendance (1910–1930).
En 2016, Sebastian Barry publie Des jours sans fin, dédié à son fils gay Toby1. Dans ce roman, l’hebdomadaire Télérama estime que « l’écriture de Sebastian Barry se métamorphose en épopée lyrique pour décrire la boucherie des champs de bataille mais aussi la beauté des grandes plaines au soleil couchant »2. Le roman vaut à Sebastian Barry un second prix Costa, faisant de l’auteur le seul romancier à avoir reçu cet honneur à deux reprises.