
» La vie ne lui accorderait pas une seconde chance: la Patagonie était tellement immense et illimitée qu’ils risquaient de ne jamais se retrouver, mais par un paradoxe de la géographie, il arrivait que cette immensité rapproche les personnes et que leurs chemins se croisent de nouveau » ( page 349 )
Paradoxe de la Géographie. La Patagonie est un territoire immense qui couvre le Sud de l’Argentine. Pour le nommer et le matérialiser Eduardo Fernando Varela nous entraîne dans la steppe, le désert, la cordillère et l’océan. Nous sautons de méridien en parallèle , le vent de face ou de dos mais toujours présent et prégnant. Les nandous et les guanacos batifolent dans ses grandes étendues en essayant de faire fi des interminables fils barbelés.
La Patagonie est striée de routes principales ou secondaires globalement perpendiculaires les unes aux autres. Elles relient des villages, des hameaux aux noms emplit d’histoire,de legende , de solitude et de désespoir :Saline du désespoir, Indien méchant , le ravin des Singes, La Pourrie, La Mule Morte.
C’est dans cette géographie paradoxale que roule le camion de Parker. Celui-ci charge et décharge de la marchandise entre les Ports de l’océan et de la Cordillère. Il ne roule que sur les routes secondaires. Il a ses raisons que nous découvrirons peu à peu. Son camion et la Patagonie représente son univers. Univers qui tient dans son camion : table, chaises, meubles et lit. Imaginer tout cela installé à l’abri du camion, dans la steppe à la clarté des étoiles du Sud, entre onirisme et poésie.
Dans son road trip il va rencontrer Maytén, jeune femme tenant la billetterie d’un Jeu de Massacre dans une fête foraine. Il va en tomber amoureux et l’emmener avec lui au grand dam de Bruno son mari.Va commencer une longue course dans cette immense Patagonie où les personnages sont décalés ou déconnectés. On croisera un journaliste à la voiture sans frein qui recherche les épaves des U boat allemands, deux jumeaux boliviens gardien du train fantôme de la fête foraine ou encore des anthropophages.
Cela pourrait paraître absurde mais il n’en est rien dans ce pays de démesure, et de légende.
Patagonie route 203 est un livre d’un certain lâcher prise et d’une poésie certaine. Eduardo Fernando Varela nous entraîne sur des chemins de traverse ou l’âme humaine vagabonde.
Ses chemins ainsi décrits :Vous continuez tout droit, le jeudi vous tournez à gauche et à la tombée de la nuit tournez encore à gauche, tôt ou tard vous allez allez arriver à la mer »
Entre temps Eduardo Fernando Valera nous aura perdu dans les dédales d’un train fantôme, dans les sables humides d’une plage à marée basse aux côtés de Maytén et Parker, aux sons d’un saxophone ou d’un autoradio nasillard sautant de fréquence en fréquence.
Patagonie route 203 est un roman d’ambiance, de paysages mais surtout d’hommes et de femmes cabossés par la vie qui détiennent une part de poésie qui les rend attachants.
On apprécie faire un bout de chemin avec eux et cette route 203 reste ouverte à tous les vents.
Â

Patagonie route 203Â est son premier roman.
PRIXPrix Transfuge du Meilleur roman hispanophone – 2020 –Â Patagonie route 203
Prix Femina étranger : finaliste – 2020 – Patagonie route 203
Prix du Premier roman : sélection catégorie romans étrangers – 2020 – Patagonie route 203
Prix Expression 2020 : sélection (prix de la librairie Expression à Châteauneuf de Grasse) – 2020 – Patagonie route 203
Prix LDB 2020-2021 : sélection (prix de la librairie des bauges à Albertville) – 2020 – Patagonie route 203
Sélection rentrée littéraire Fnac – 2020 – Patagonie route 203
Prix Casa de las Americas – 2019 –Â Patagonie route 203